Maître André ICARD
Avocat au Barreau du Val de Marne

Le délai raisonnable d’un an au-delà duquel le destinataire d’une décision ne peut exercer de recours juridictionnel peut-il être prorogé par un recours administratif gracieux ou hiérarchique?

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OUI :  dans un avis en date du 12 juillet 2023, le Conseil d’Etat rappelle que la présentation, dans le délai imparti pour introduire un recours contentieux contre une décision administrative, d’un recours administratif, gracieux ou hiérarchique contre cette décision a pour effet d’interrompre ce délai.

Il en va notamment ainsi lorsque, faute de respect de l’obligation d’informer l’intéressé sur les voies et délais de recours, le délai dont dispose le destinataire de la décision pour exercer le recours juridictionnel est le délai raisonnable découlant de la règle énoncée ci-dessus.

Lorsque le recours administratif fait l’objet d’une décision explicite de rejet, un nouveau délai de recours commence à courir à compter de la date de notification de cette décision.

Si la notification de la décision de rejet du recours administratif n’est pas elle-même assortie d’une information sur les voies et délais de recours, l’intéressé dispose de nouveau, à compter de cette notification, du délai raisonnable découlant de la règle énoncée plus haut pour saisir le juge.

En cas de silence gardé par l’administration sur le recours administratif, le délai de recours contentieux de droit commun contre la décision administrative contestée recommence à courir dès la naissance d’une décision implicite de rejet du recours administratif lorsque l’autorité administrative a accusé réception de ce dernier recours et que l’accusé de réception comporte les indications prévues à l’article R.112-5 du code des relations entre le public et l’administration (CRPA).

A défaut, l’intéressé dispose, pour introduire son recours contentieux contre la décision administrative qu’il conteste, à compter du jour où il a eu connaissance de la décision implicite de rejet de son recours administratif, du délai raisonnable découlant de la règle énoncée plus haut.

Il résulte de l’article 7 de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 et de l’article 43 du décret n° 2020-1717 du 28 décembre 2020 que lorsque, faute de respect de l’obligation d’informer le destinataire d’une décision administrative sur les voies et délais de recours, le délai dont dispose celui-ci pour exercer un recours juridictionnel contre cette décision est le délai raisonnable découlant de la règle énoncée plus haut, une demande d’aide juridictionnelle formée avant l’expiration de ce délai en vue de l’exercice de ce recours a pour effet de l’interrompre.

Le délai de recours contentieux recommence à courir à compter de l'expiration d'un délai de quinze jours après la notification à l'intéressé de la décision se prononçant sur sa demande d'aide juridictionnelle ou, si elle est plus tardive, à compter de la date de désignation de l'auxiliaire de justice au titre de l'aide juridictionnelle.

En cas d’admission à l’aide juridictionnelle, ce délai est celui, en principe de deux mois, imparti pour contester la décision administrative.

Lorsque, en revanche, le bénéfice de l’aide juridictionnelle a été refusé, l’intéressé dispose, pour introduire un recours contentieux contre la décision qu’il conteste, du délai raisonnable découlant de la règle énoncée plus haut.

SOURCE : Conseil d'État, 8ème - 3ème chambres réunies, 12/07/2023, 474865, Publié au recueil Lebon

 

JURISPRUDENCE :

CE, Assemblée, 13 juillet 2016, M. Czabaj, n° 387763, p. 340 ;

Sur l’applicabilité aux décisions implicites de rejet des règles relatives au délai raisonnable, CE, 18 mars 2019, M. Jounda Nguegoh, n° 417270, p. 60 ; CE, 12 octobre 2020, Ministre de l'agriculture et de l'alimentation c/ société Château Chéri, n° 429185, T. pp. 577-890S ;

Sur la date à laquelle le délai contentieux recommence à courir après la décision se prononçant sur l’aide juridictionnelle, CE, 10 juin 2020, M. Wauquier, n° 422471, T. pp. 893-931.

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