Maître André ICARD
Avocat au Barreau du Val de Marne

L’administration est-elle tenue d'informer le fonctionnaire de la possibilité de faire valider ses années de services de non titulaire dans les deux ans ?

Cet article est gratuit ! vous pouvez le consulter dans son intégralité
Toute la jurisprudence est disponible sur www.juripredis.com

NON : dans arrêt en date du 20 juin 2018, le Conseil d’Etat considère que l'administration n'est pas tenue de donner aux agents une information particulière sur les droits spécifiques qu'ils pourraient éventuellement revendiquer en application des textes législatifs et réglementaires relatifs aux pensions civiles et militaires de retraite.

Mme A..., infirmière, a été recrutée sous le statut d'agent contractuel du 1er septembre 1999 au 1er mars 2004 par le centre communal d'action sociale (CCAS) de Luzech.

Ayant réussi le concours externe sur titres d'infirmiers territoriaux, elle a été nommée dans le cadre d'emplois des infirmiers de classe normale en qualité de stagiaire pour une année à compter du 1er mars 2004, et titularisée le 1er mai 2005 en qualité d'infirmière diplômée d'Etat de classe normale au 8ème échelon.

Le 12 octobre 2008, Mme A...a présenté une demande de rachat de trimestres auprès de la CNRACL par l'intermédiaire de son employeur, le CCAS de Luzech.

Par un courrier du 30 octobre 2008, dont Mme A...allègue ne pas avoir eu communication, la CNRACL a refusé de faire droit à sa demande de validation au motif que le délai de deux ans suivant la titularisation de l'intéressée, prévu par le I de l'article 50 du décret du 26 décembre 2003, était expiré.

Le recours gracieux de Mme A...contre cette décision a été rejeté par la CNRACL en octobre 2009.

Par un jugement du 10 septembre 2015, le tribunal administratif de Toulouse a rejeté la demande de Mme A...tendant à l'annulation de la décision du 30 octobre 2008.

Aux termes de l'article 8 du décret du 26 décembre 2003 relatif au régime de retraite des fonctionnaires affiliés à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales : «  Les services pris en compte dans la constitution du droit à pension sont : (...) 2° Les périodes de services dûment validées. Est admise à validation toute période de services, quelle qu'en soit la durée, effectués en qualité d'agent non titulaire de l'une des collectivités mentionnées aux 1°, 2° et 3° de l'article L. 86-1 du code des pensions civiles et militaires de retraite (...) »

Aux termes du I de l'article 50 du même décret : «  La validation des services visés à l'article 8 doit être demandée dans les deux années qui suivent la date de la notification de la titularisation. Chaque nouvelle titularisation dans un grade ouvre un délai de deux années pour demander la validation de l'ensemble des services. Pour les fonctionnaires titulaires occupant un emploi à temps non complet, le délai de deux ans court à compter de l'affiliation au régime de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (...) »

Dans son arrêt en date du 20 juin 2018, le Conseil d’Etat considère que l'administration n'est pas tenue de donner aux agents une information particulière sur les droits spécifiques qu'ils pourraient éventuellement revendiquer en application des textes législatifs et réglementaires relatifs aux pensions civiles et militaires de retraite.

Les dispositions du décret du 26 décembre 2003 dont le bénéfice est invoqué ont fait, au moment de leur adoption, l'objet d'une publication régulière par insertion au Journal officiel.

Aucune autre mesure de publicité n'incombait à l'administration.

Mme A... n'est, dès lors, pas fondée à soutenir que, faute pour l'administration de l'avoir informée de l'existence de ces dispositions, le délai de deux ans fixé par l'article 50 du décret du 26 décembre 2003 précité ne lui serait pas opposable.

Par suite, le tribunal administratif de Toulouse n'a pas commis d'erreur de droit en jugeant que ce délai lui était applicable alors même que l'administration ne l'avait pas informée de l'existence des dispositions précitées.

SOURCE : Conseil d'État, 7ème chambre, 20/06/2018, 409322, Inédit au recueil Lebon

Toute la jurisprudence est disponible sur www.juripredis.com

Chiffres clés
+ de 25 ansd’expérience
Une véritable base de données spécialisée dans le droit public
+ de 5000questions réponses
Paiement
100% sécurisé
+ de 200modèles téléchargeables