Maître André ICARD
Avocat au Barreau du Val de Marne

Souviens-toi de moi !

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J’espère que tu te souviens-toi de moi, André de Toulon, j’étais collaborateur avec toi chez « ET Avocats » à Paris, tu te souviens, les années 70 j’arrivais de ma Provence natale, et tel Eugène de Rastignac, mais fils d’ouvriers et de paysans, je voulais conquérir Paris.

On faisait droit des affaires ensemble, même que tu disais toujours ce qui me plait le plus dans le droit des affaires, ce sont les affaires qui rapportent.

On était jeune à cette époque et on y croyait fort, même trop fort parfois.

Souviens-toi de moi, on sortait tard  le soir « en ville » et on s’était fait des relations et même que tu voulais qu’on s’associe pour monter un grand cabinet d’affaires, avec plein de collaboratrices , de collaborateurs, de juristes, de secrétaires, dans un building vitré de la « Défense » au dernier étage de la plus haute tour avec vue imprenable sur Paris.

Tu me disais même avec humour ma seule exigence c’est que mon nom apparaisse en premier dans l’appellation de notre cabinet.

On faisait une sacré équipe tous les deux et on se rendait ensemble aux audiences avec une quantité impressionnante de dossiers sous le bras que l’on plaidait à la volée avec la fougue de nos 25 ans.

Tu te rappelles de mois, j’avais une « Austin Cooper » vert foncé avec le toit blanc et les « jantes alu » et je portais des lunettes « Ray-Ban » et j’étais toujours en costume cravate.

Même qu’après les audiences, avant de rentrer au cabinet, on allait boire un thé au Café du Palais et on étalait négligemment nos robes, bien en vue, sur le rebord d’une chaise de bar pour bien montrer aux consommateurs qu’on était avocat.

Ah, qu’est-ce qu’on était fiers tous les deux et nous étions persuadés de devenir sous peu deux ténors du barreau.

Et puis un jour je suis rentré d’une audience vers midi et une secrétaire m’a dit, des larmes dans les yeux, « il nous quitte, il part dans un très gros cabinet anglo-saxon où on lui a fait une très grosse proposition ».

J’ai posé mes dossiers et ma robe, triste, ce n’est pas possible, il m’en aurait parlé, il a dû avoir un problème, il va m’expliquer …

Et puis plus rien … le silence, des années interminables de silence ... plus jamais de nouvelles.

Et puis un jour, quelques années plus tard, je t’ai vu dans la presse, à la télévision dans toutes les émissions en vue du moment, tu es même devenu animateur,  je t’ai entendu à la radio, tu es un « grand avocat » un « ténor du Barreau », très connu, reconnu par tous et invité sur tous les plateaux de télévision car tu es devenu comme ils disent « un bon client ».

Ton cabinet situé près de l’Opéra à Paris, dans un superbe immeuble haussmannien, composé de 120 avocats est florissant et tu vis grand train, seul dans une jolie gentilhommière dans la vallée de Chevreuse et dans ta résidence secondaire dans le Lubéron.

J'ai entendu à la radio que tu avais de nombreux clients très prestigieux et très riches et que ta réussite était impressionnante et que tu étais même pressenti en hauts lieux pour une très haute fonction publique.

On dit même que tu es l’avocat de toutes les hautes personnalités politiques en vue du moment.

Alors, tu ne penses certainement plus à André et à nos belles années de collaboration chez « CR Avocats » à Paris qui étaient certainement pour moi les plus belles de ma vie.

Moi j'y pense souvent aujourd'hui… tous les jours peut-être … les nuits souvent.

Tiens je viens de te voir encore une fois passer à télé sur la « cinq »…

Souviens-toi de moi, t’aurais peut-être une collaboration ou quelques vacations  ou un petit boulot pour moi, ça fait plus de trente ans que tu es un avocat célèbre … tu connais du monde ... tu ne peux pas m'avoir oublié ...

Tu sais, moi je ne suis pas célèbre du tout,  très malade et en très grande difficultés financières, mais je t’assure que ne suis pas fini et je suis prêt à tout recommencer, comme avant, je te promets !

Et puis, je suis avocat, comme toi ! On fait le même boulot !

Souviens-toi de moi, j’étais collaborateur avec toi, André de Toulon, petit, brun, frisé, avec l’accent du Sud ... et une Austin Cooper verte au toit blanc …

Même que je disais souvent en riant  « dorénavant ce sera comme d’habitude » …

Tu te souviens ?

Non ?

Tu ne peux pas avoir oublié !

Tu ne peux pas m' avoir oublié !

Nos belles années !

Tu te souviens ?

Aller, tu peux m’appeler si tu veux … tu vas m'appeler.

Je t'en supplie, appelle-moi, je ne te demanderai rien, c'est promis.

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