Maître André ICARD
Avocat au Barreau du Val de Marne

Le petit avocat de banlieue parisienne est triste et il n’a pas envie de se lever ce matin

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Trois heures du matin en banlieue parisienne. Le petit avocat de banlieue seul dans son cabinet revisite sa vie dans le silence du petit matin blême. Il se rappelle ce temps pas très éloigné où il était très courtisé par ses pairs et par un aréopage de jeunes collaborateurs et de stagiaires des générations X et Y, plus préoccupés par leurs intérêts personnels et par leur qualité de vie, que par leur activité professionnelle. Lui le « baby-boomer » des années 50, toujours à l’écoute de ses clients, est aujourd’hui victime de leur ingratitude, face à l’indifférence générale de l’administration, des institutionnels, de ses confrères et de certains de ses clients.

Certes il savait que les clients pensaient toujours que lorsque leur affaire était gagnée, c’était  normal car ils avaient raison « à 200 % », et lorsqu’elle était perdue, c’était bien sûr de sa faute, qu’il était très mauvais et qu’ils préféraient payer pour prendre un « grand avocat parisien ».

Il savait aussi qu’on venait le voir en banlieue parisienne parce que le justiciable  n’avait pas les moyens de prendre un « bon avocat parisien ». Il le savait tout çà lui l’avocat de banlieue parisienne, une jeune élève avocate de l’EFB,  recherchant une collaboration à laquelle il avait eu l’outrecuidance de faire une offre, lui avait un jour rétorqué sèchement  « Monsieur, je cherche exclusivement sur Paris ! – Je ne veux être qu’au Barreau de Paris »  

Il  savait également dans la solitude de son cabinet de banlieue, qu’il ne fallait pas compter sur la solidarité de certains de ses confrères, plus préoccupés par leur « égo » surdimensionné et leur train de vie pharaonique que par l’aide apportée à un confrère momentanément en difficulté. Il s’en était d’ailleurs déjà aperçu quand trop fatigué pour aller à une audience, aucun confrère ni ancienne collaboratrice n’était curieusement disponible ce jour là pour le substituer contre rétrocession d’honoraires bien sûr.

Il n’avait plus beaucoup d’illusion le sexagénaire et d’ailleurs certains pensant si fort qu’il entendait, qu’il n’avait qu’à partir à la retraite. Mais que faisait-il encore ce « has been » au milieu des actifs à l’activité débordante et au compte en banque bien rempli ?

Pourtant, tous les matins, dés trois heures, il transmettait toujours sa passion pour le droit sur son site Internet et sur son blog. Ce site Internet, fidèle parmi les fidèles, ne l’a jamais abandonné lui, même sur son lit d’hôpital dans ses plus mauvais moments. La fidélité virtuelle se substitue parfois à la fidélité des hommes.

Pourtant tous les jours, jusqu’à 22 heures le petit avocat de banlieue traite ses dossiers avec l’estime et l’attention qu’il continue de porter à ses clients.

Pourtant l’avocat de banlieue assigné en liquidation judiciaire par l’URSSAF car il ne peut plus payer ses charges sociales, poursuivi par les impôts à coup d’avis à tiers détenteur, par cette administration fiscale qu’il a eu l’audace de poursuive pour défendre ses clients,  continue d’avancer et d’espérer en des lendemains meilleurs.

Pourtant l’avocat de banlieue continue à donner des conseils gratuits à ses confrères et à ses clients car il est comme çà et il ne changera jamais, il aime rendre service.

En effet, il en a rendu des services gratuits à tous ces confrères qui le sollicitaient pour un petit conseil gratuit, qu’ils revendaient parfois fort cher à leur client.

Il en a donné des conseils gratuits à des clients désargentés ou en grande difficulté car il pensait qu’il était là pour çà, lui le petit avocat de banlieue et que le « pro-bono » faisait partie de son exercice.

Vous voyez, il n’est pas du tout aigri le petit avocat de banlieue, il est tout simplement très triste et je ne vous le cache certain l’on parfois entendu pleurer certaines nuit d’insomnie seul avec sa peine au fond de son petit cabinet de banlieue.

En effet, ça pleure aussi un petit avocat de banlieue parisienne surtout quand il pense n’avoir plus grand-chose à espérer de la vie.

Aujourd’hui, il est bien seul dans son petit cabinet le petit avocat de banlieue parisienne face à ses doutes, à ses inquiétudes et à sa souffrance.

Et pourtant, il continue à avancer, animé par cette force intérieure qu’on appelle la passion pour cette superbe profession d’avocat qu’il ne peut se résoudre à quitter définitivement.

C’est sa vie, sa passion et pense-t-il la fierté de ses parents et de sa femme, de ses fils et de ses petits enfants, de sa famille et ses amis et il ne veut surtout pas les décevoir.

Il ne peut pas finir comme çà lui le petit avocat de banlieue, il ne veut pas abandonner, non pas comme çà, il ne se voit pas seul au milieu de son vieux cabinet grisâtre désert et des cartons.

C’est son métier d’avocat de banlieue parisienne qui le tient en vie et pourtant il en a connu des « galères » lorsqu’il était jeune collaborateur en province où il a fait de très mauvaises rencontres professionnelles.

Mais ce n’est pas grave, il a tout oublié de son passé, mais ce qu’il ne pourra jamais oublier c’est cette indifférence de tous qui le blesse profondément aujourd’hui qu’il est malade et en difficulté.

Alors il pense aujourd’hui que si la maladie ne le tue pas l’indifférence le fera  et il n’y a rien de pire que de finir dans l’indifférence générale quant on n’a pas dans ses relations d’Eugène de Rastignac.

Et quand il pense trop à çà le petit avocat de banlieue parisienne, il devient triste et il n’a pas envie de se lever.

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